Syndicats et patronat ont repris vendredi leurs discussions sur le million de chômeurs en fin de droits attendus cette année, chacun y allant de sa proposition de prise en charge, y compris financière, et tous en appelant à l'Etat pour répondre à l'urgence.
"Il faut qu'on avance rapidement", a déclaré Gabrielle Simon (CFTC), tandis que Gaby Bonnand (CFDT), président de l'Unedic, a espéré "pousser à ce que les partenaires sociaux demandent ensemble à l'Etat la prise en charge de davantage de personnes".
Bien que la réunion ne soit qu'un groupe de travail, l'ensemble des organisations avaient délégué leur principal négociateur, preuve que "c'est politique", ont souligné CGT et CFTC.
Le sujet sera abordé lors du sommet social du 15 février à l'Elysée, alors que le Haut commissaire aux solidarités actives Martin Hirsch laisse entendre que l'Etat aurait encore "trois-quatre mois" devant lui pour détecter "les cas dans lesquels il faut faire plus".
Les regards syndicaux étaient aussi braqués vendredi sur le patronat. "On va voir s'il fait un effort en mettant de l'argent de l'assurance chômage à disposition", ont indiqué Stéphane Lardy (FO) et Maurad Rabhi (CGT). L'objectif est aussi "d'être plus précis dans les publics à cibler" (FO). "On est parti d'un million et bientôt on va nous dire que c'est un faux problème", a jugé M. Rabhi.
La faiblesse de la reprise limite les possibilités de retrouver du travail et un million de demandeurs d'emploi arriveront au bout de leurs allocations chômage en 2010 (+18% comparé à 2009) selon Pôle emploi.
Quelque 400.000 d'entre eux pourraient se retrouver sans revenu de remplacement, 600.000 selon des syndicats.
Tous les chômeurs en fin de droits n'ont pas droit à l'ASS (Allocation spécifique de solidarité) ou au RSA, accordés par l'Etat en fonction de différents critères, comme le niveau de revenus du foyer, et le fait d'avoir travaillé cinq ans dans les dix dernières années. Cette année, 170.000 percevraient l'ASS et 220.000 le RSA, selon Pôle emploi.
Jusqu'à présent, le Medef estime que ce dossier "extrêmement sensible" relève de "la compétence exclusive du gouvernement".
Appelant à des "solutions financières ponctuelles qui relèvent de la solidarité nationale", la CGPME a aussi proposé que l'embauche d'un chômeur en fin de droits soit exonérée de cotisations patronales pendant un an pour favoriser le retour à l'emploi des chômeurs de longue durée.
Si plusieurs syndicats réclament une prolongation de l'indemnisation chômage des fins de droits, ce qui coûterait 1,342 milliard d'euros pour trois mois dégressifs, ils réclament aussi que l'Etat assouplisse l'accès à l'ASS, un effort allant jusqu'à un milliard d'euros pour une année, selon la CFDT.
FO, CGT et CFTC réclament aussi une surcotisation chômage des entreprises recourant massivement à l'intérim et aux CDD.
Et la CFTC propose temporairement que deux ou trois mois avant la fin des droits, les demandeurs d'emploi soient orientés vers des offres disponibles et formés au préalable, sur le modèle du reclassement mis en place pour certains licenciés économiques.
La CFE-CGC veut revoir les services proposés par Pôle emploi et puiser dans le Fonds d'investissement social (Fiso) qui "peut servir à quelque chose".
Au-delà, la CFDT comme FO sont d'accord pour que "l'Unedic puisse prendre sur ses fonds une partie du coût supplémentaire", mais "il faut que l'Etat mette la main à la poche", a indiqué M. Bonnand, dont la confédération propose que les mesures soient en partie financées par la suppression du bouclier fiscal et la création d?une tranche supplémentaire d?impôt pour les hauts revenus.